mardi 12 avril 2011

- le lock out pour les nuls -

- Dis moi, on parle d'un truc pour la saison prochaine, le lock out. C'est quoi ?

- On en parle depuis 2009 en fait. Ce lock out, c'est en quelque sorte la fermeture de la saison. C'est en tout cas la suspension de toute activité professionnelle. On peut parler de grève des joueurs, comme ce fut le cas en 1998-99. La pré-saison et la saison régulière avait été suspendues jusqu'au 20 janvier 1999. La saison avait alors commencé réellement le 5 février de cette même année.

- Si on en parle depuis si longtemps, comment en sommes-nous arrivés là ?

- Alors qu'en 99, les joueurs et la NBA avaient trouvé un accord portant sur 6 ans et les finales 2005, cet accord avait été renouvelé sans trop de dégâts. Depuis, la NBA, par la voix de son commissioner David Stern, a pris ses distances avec les syndicats des joueurs. La raison ? La NBA perd trop d'argent: la ligue annonce en effet avoir perdu 370 millions de dollars lors de la saison 2009-2010. Billy Hunter, président de l'association des joueurs NBA (NBAPA), critique de manière virulente cette déclaration: "Il se pourrait bien qu'il n'y ait même pas de déficit. Tout dépend de la méthode de calcul employée. Si vous ne comptez ni les intérêts, ni la dépréciation, vous enlevez déjà 250 des 370 millions." 
D'après lui, les salaires des joueurs auraient baissé d'1% sur cette période. Les joueurs sont donc opposés aux proprios dans cette lutte "des classes" entre millionnaires et milliardaires.

- Que veulent changer les proprios ?

- Pour faire face à la crise, ceux-ci désirent diminuer la part des revenus distribués à leurs employés, les joueurs. D'après eux, il a fallu augmenter les charges d'annonces afin de combler le vide dans les salles. Cette augmentation se reflète dans la hausse des pubs, des chargés de mission ou des dépenses de marketing. Les 29 propriétaires (NOH est partagé entre tous les proprios de la ligue et la NBA) veulent donc réduire les dépenses: "si on suit leur raisonnement, un joueur comme Amare Stoudemire ne gagnera plus que 5 ou 6 millions par an, et les contrats seront au maximum de 4 ou 5 ans. Et encore, on partirait sur deux ans garantis, et les autres années seraient liées aux performances du joueur." indique un GM à la chaîne ESPN.
De plus, la NBA veut instaurer les franchise tags: l’objectif du "franchise tag" est de garantir à une équipe de pouvoir conserver son meilleur  joueur, en le désignant franchise player. A l’expiration de son contrat, ce dernier ne sera pas libre d’aller voir ailleurs, ou alors avec de fortes contraintes. Bien sûr, les franchises ayant le plus de bons joueurs (Miami, NY) sont réticentes. L'objectif est d'éviter au fossé entre big et small markets de se creuser.

- Que réclament les joueurs ?

- A travers les voix de Billy Hunter et de Derrick Fisher, grand syndicaliste devant l'éternel, les joueurs veulent le statut quo. Les accords passés en 2005 leur conviennent: ils ont été validés avant la crise financière. Il leur est offert un salaire qui est garanti sur la durée de leur contrat. Quoiqu'il arrive, même si leur niveau devient affligeant, ils seront payés. 
Exemples ? Rashard Lewis, aujourd'hui à Washington, touche 20.514.000 de $ sur la saison. C'est le deuxième salaire de toute la NBA. Pendant ce temps là, Joe Johnson, 30 ans, touchera entre 16 et 20 millions par saison, pendant 6 ans !

- Pourquoi rien n'a été fait en 2 ans ?

- Question d'égos tout simplement. Il y avait largement le temps de se mettre d'accord, mais les différentes réunions n'ont rien apporté: chacun reste sur ses positions. Pourtant, joueurs et proprios se sont vus une dizaine de fois cette saison, la dernière fois se déroulant pendant le All Star week-end. Les Lakers déboursent 91.569.000 $ par saison, Dallas 90.764.633 $ puis viennent Orlando et Boston. Leur optique est de baisser ces chiffres de sorte à revenir sur un bilan équilibré, et d'éviter les luxury taxes provoqués par les salaires des joueurs. Par exemple, Steve Blake a un contrat de 4 millions avec les Lakers. Il coûte 8 millions à la franchise californienne, qui doit payer les amendes dû à la surcharge salariale.
Les joueurs veulent donc continuer de bénéficier de tels revenus, et ne consentent pas à perdre une partie de leur salaire. 

- Vers quoi se dirige-t-on ?

- Il est clair qu'on est mal parti pour assister à une saison complète. Les chances sont fortes pour que l'on ne joue que 50 matchs de saison régulière. Vu d'ici, on voit mal les joueurs se passer de leurs gagne-pain sur un an. Pourtant, Billy Hunter dit craindre les nouveau proprios, ceux qui n'ont pas vécu 98, et pensent qu'ils pourraient immobiliser la ligue sur deux ans.

- Quelles seraient les solutions pour les joueurs ?

- les Européens rentreraient en Europe tout d'abord. TP, Batum ou Dirk Nowitzki ont annoncé craindre ce lock out. Le géant allemand n'a pas peur de rentrer sur le vieux continent et de s'éloigner de la NBA.
Le All Star français a lui évoqué dans la presse la possibilité d'une arrivée à l'ASVEL, club dont il est dirigeant, si un lock out se confirmait. Batum est lui dans le flou total. Tout ce qu'il sait, c'est qu'il sera aux Championnats d'Europe. Mais tous les autres, que feront-ils ? Kobe (Rome), Kirilenko (Moscou), Jennings (Espagne), ceux là ont annoncé leur arrivée en Europe. David Stern a d'ailleurs donné son accord aux joueurs NBA pour qu'ils s'exilent jouer près de chez nous. La liste ne cesse de gonfler. Certains partiront même en Chine.


Jb - Posterdunk

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