lundi 4 avril 2011

Jordan proprio, un an après

Quelques minutes après avoir assisté à la défaite alarmante de ses Bobcats, à domicile et contre Washington, 97-91, le propriétaire de la franchise de Charlotte descend dans les travées du stade, parcours quelques mètres devant les caméras de télévision et entre dans le vestiaire pour parler à ses joueurs. Malgré la défaite, ses traits ne montrent pas d'abattement.

En fait, et personne ne le remarque encore, mais Jordan est sur le point de réussir sa reconversion au sein de son état fétiche, la Caroline du Nord, remplie de fans de basket, mais encore considérée comme un petit marché. La NBA n'a encore jamais vu de propriétaire à son image, comme la NBA n'avait encore jamais vu de joueur comme lui auparavant. Et "his Airness" en rajoute. Rappelez vous, le mois dernier, il rechaussait ses sneakers et s'entrainait avec les Bobcats, prenant un chasuble de remplaçant et en mettant plein les yeux de Kwame Brown notamment: "Il fait du bruit, charrie tout le monde, mais quand il arrive, le niveau s'élève et tout le monde se tait. Sauf lui. Ça lui fait du bien de voir aussi que tout le monde veut jouer dur."

Mais il reste biens des sièges vides les soirs de matchs. Lorsque les Bobcats reçoivent un gros - j'entends par là Boston, LA, NY ou Miami - on pense alors se retrouver dans la salle des Hornets il y a quelques temps. George Shinn savait y faire avec le spectacle, et la foule venait admirer les frelons Mourning ou Johnson, entre autres. En prenant le contrôle des Bobcats, les successeurs des Hornets, désormais à la Nouvelle-Orléans, Jordan avait fait le pari de redorer le blason de la NBA à Charlotte. Il fallait retrouver la hype sur laquelle surfaient les Hornets de Muggsy Bogues.

Mais le mal est fait: George Shinn, proprio controversé des blancs et bleus, se dispute avec le conseil municipal au sujet d'une nouvelle arène. Boum, il plie bagage et se bouge en Louisiane en 2002. Toute la ville de Charlotte est touchée, car l'équipe était un symbole, non pas de réussite, mais de spectacle.

Du coup, en 2004, le public apprend l'arrivée d'une nouvelle franchise. C'est un engagement pris par l'homme de médias Robert Johnson. Un mauvais engagement en fin de compte: suite à un contrat pourri avec les télés locales et la rancœur dûe au départ des Hornets, Johnson se retrouve vite fait à perdre plusieurs millions par saison. Ces difficultés permirent à MJ d'arriver comme un sauveur, de récupérer une franchise en très sale état financièrement, et ainsi de devenir le premier joueur retraité à devenir propriétaire dans l'histoire de la ligue. 

Voilà pour le background. Car maintenant, un an après l'acquisition, nous pouvons dresser un bilan plutôt prometteur pour le Hall of Famer. Mais il n'y a rien de spectaculaire. 

Du côté financier, Jordan est arrivé avec ses millions dans une franchise qui se noyait sous les dettes, il a tenté de reconstruire le système tout en mettant certains de ses conseillers aux postes clés. Par exemple Fred Whitfield, un temps directeur général de la société Jordan, puis président opérationnel des Bobcats, et aujourd'hui ami et conseiller de MJ. Ensembles, ils ont lourdement investi dans les "extras" comme l'ouverture aux concerts, le développement des danseurs-danseuses et des chauffeurs de salle, de sorte à modifier l'ambiance dans son stade. 

Le plus gros coup de Jordan est très peu connu: en effet, son building et la ville de Charlotte recevront en leur sein le congrès des Démocrates en 2012, année d'élections présidentielles, auxquelles Barack Obama a annoncé ce matin sa candidature. Et garder le stade vivant était l'un des objectifs du nouveau propriétaire. L'arène est utilisée près de 200 soirs par an, principalement grâce aux concerts organisés.

Autre point, ce n'est pas tant l'aspect financier qui intéresse Jordan en premier lieu. Mais bien le basket. On connait le Jordan "business man", mais au sein de la ligue, on connait aussi le Jordan "loser owner". Il a, rappelons-le, été directeur exécutif et manager des Wizards de Washington. Encore gravée dans son esprit, l'expérience s'est très mal finie. Il avait mal débuté en sélectionnant Kwame Brown (!) en n°1 de la draft 2001, draft reconnue comme très faible mais accueillant pourtant à son poste Tyson Chandler, Pau Gasol, Zach Randolph ou Mehmet Okur, tous All-Stars par la suite.

Pour créer une atmosphère festive, et permettre à des matchs de se jouer à guichets fermés, il était sorti de sa retraite, sans grand succès, mais sans grand raté non plus. Mais tout s'est terminé quand, en 2003, le Washington Post l'accuse d'être un accro à l'adrénaline, ne jouant que pour rembourser ses dettes, crées à cause d'une dépendance aux jeux de hasard. Son vrai crime est plutôt de n'avoir pas su ou pas pu permettre aux Wizards de se qualifier en Playoffs. Le public l'adorait pour ses succès avec Chicago, il l'a detesté après son échec à Washington.

Arrivé comme Président exécutif à Charlotte, il refait une erreur, et sélectionne Adam Morrison en tant que n°3 de la draft 2006. Alors que Brandon Roy, Rudy Gay et Rajon Rondo étaient disponibles. Une fois ça passe, mais la deuxième fois, tout s'est retourné contre lui. 

Cette année, Charlotte galère. À la 9e place de la conférence Est, les Bobcats ne vont certainement pas se qualifier pour la suite des évènements. Et tout a commencé quand l'effectif s'est vu amputé de Raymond Felton (parti aux Knicks) et de Tyson Chandler (parti à Dallas). Un début de saison catastrophique, avec DJ Augustin à la mène, Jackson, blessé, sur le banc, et Gerald Wallace un peu seul à batailler, qui a mené Jordan a se séparer de Larry Brown, coach Hall of Famer et légende de North Carolina. Puis le jour de la deadline pour les transferts il envoie Gerald Wallace - son seul All-Star - à Portland. Le joueur, figure emblématique de Charlotte et père de famille, se dit trahit par le Boss. Mais c'est au tour de Jordan de jouer les bad guys... Après tout ce qui lui est arrivé en près de 30 ans. Il doit prendre les décisions maintenant, et certaines sont - et ont été - contestées. 

Pourtant, ce trade leur dégage de la place pour le jeune Gerald Henderson - 12e de la draft 2009 - et leur permet de récupérer des tours de draft supplémentaires. Dans un état comme la Caroline, les tours de draft, ce sont des lingots d'or potentiels. 

Les projets sont engagés, et les résultats pourront prendre des années à se révéler. Mais quelque chose nous dit que Jordan est sur la bonne voie. Il a en tout cas remis sa franchise sur les rails. A lui de ne plus se tromper. 


Jb - Posterdunk

1 commentaire:

  1. Super blog ca fait plaisir ca! J'ai découvert le lien par hasard et j'y jeterais un coup d'oeil régulièrement désormais ;)

    Concernant MJ et son management de team, je reste dubitatif quant aux resultats, mais il à au moins le mérite de se bouger pour le basket dans la région!

    Au passage, je fais un petit coup de pub (qui n'en est pas vraiment un) mais on débat régulièrement du basket, avec quelques passionnés, aucune obligation, on poste quand on veux et quand on peut, donc si ca vous tente faite un petit saut sur : http://vnba.purforum.com et inscrivez vous si ca vous chante (vous attendez pas à tomber sur un fofo de 2000 membres, on est une petite famille)

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